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2004 Peindre la Provence du naturalisme au fauvisme (1860-1920)
投稿日 2004年6月1日
最後に更新されたのは 2013年7月9日

Le paysage a pris une importance capitale dans la révolution plastique du XIXe siècle. Et nul ne songerait à nier l’importance de la nature provençale comme facteur stimulant au génie de trois pères de l’art moderne, Van Gogh, Gauguin, Cézanne.

Si leur création jouit d’une reconnaissance universelle, en revanche, l’œuvre des artistes qui les ont précédés en Provence est singulièremenrt méconnue. Le prestige exclusif de ces post-impressionnistes éclipsa en effet une tendance majeure du milieu du XIXe siècle: le naturalisme. Pour considérable que soit son génie, Cézanne ne résume pas tout le paysage provençal. Le maître d’Aix lui-même fut influencé à ses débuts par la peinture de Loubon. Il s’inspira davantage de Grésy et fut l’ami de Monticelli que Van Gogh admirait.
L’impressionnisme n’a pas le monopole du renouvellement du langage plastique. Une série de travaux nous convie depuis une quinzaine d’années à une lecture nuancée et beaucoup plus juste d’un XIXe siècle enfin rendu à lui-même et débarrassé de tout manichéisme.
Bien des tentatives, bien des réussites ont été accomplies en des voies différentes par les naturalistes et les éclectiques auxquels se rattachent les artistes que nous étudions. Signalons les expériences et les trouvailles des peintres marseillais et la part qui leur revient dans la situation du paysage au milieu du XIXe siècle, car avant l’impressionnisme et sans y conduire, cette école met en place des solutions originales devant la nature provençale.

Ce naturalisme provençal se manifeste par le goût d’une peinture en plein air, claire et lumineuse, souvent spontanée, libérée des conventions de cadrage et du souci de bien composer. Loin d’être comme on l’a dit des peintres banals du terroir enfermés dans un régionalisme un peu folklorique, ces artistes se révèlent aujourd’hui dans toute leur audace. Intégrant des phénomènes aussi importants que la planéité, l’influence de la photographie, et du japonisme (il resterait à prouver que Marseille a peut-être importé les estampes japonaises avant Paris).
Il ressort que l’impressionnisme ne saurait apparaître comme le seul lieu de la rupture absolue mais seulement comme l’approfondissement d’expériences multiples, menées de toutes parts. Mais le dynamisme de ce naturalisme allait quelque peu s’essouffler et si ce genre poursuit sa route au sein d’ateliers et de foyers locaux, plus ou moins rattachés à telle ou telle ville, la Provence se donne peu à peu à la création d’avant-garde, elle devient le creuset des nouvelles tendances picturales.

La venue en Provence de peintres symboles de l’art moderne

Renoir, le premier a été ébloui par son séjour à l’Estaque près de Cézanne en 1882 puis en décembre 1883, Claude Monet l’accompagne. Tous deux s’imprègnent peu à peu de ce pays féérique et réalisé des paysages, embrasés de lumière. Renoir finira même par s’y installer à la fin de sa vie.
Puis Van Gogh et Gauguin inaugurèrent une manière nouvelle de regarder ce pays, persuadés qu’en venant dans le Midi, ils trouveraient des conditions de création fortes et si Van Gogh rêve de créer une école du Midi, Signac réalise cette ambition dans le village de Saint-Tropez où il s’est établi, à proximité de son ami Cross, en 1892 en invitant bon nombre de jeunes artistes venus de différents ateliers parisiens: qu’on le remarque! pratiquement tous les peintres présents dans la cage aux fauves en 1905 ont travaillé dans le Midi, Vlaminck et Van Dongen exceptés…c’est-à-dire Matisse, Marquet, Camoin, Manguin, Derain, Dufy…Des lieux comme Cassis, l’Estaque, Saint-Topez, Martigues disent qu’à un moment donné, en ce qui concerne ces 「lieux」, la peinture s’est dépassée, ouvrant de nouveaux horizons, élaborant un nouveau langage, plastique, impliquant de nouveaux concepts. Nous avons fait allusion à Bonnard, Signac, Cross…Que dire de celui qui, né et mort à Aix, a révolutionné l’idée même que l’on se faisait de la peinture de représentation apparemment traditionnelle du paysage? Et le seul nom de Cézanne a signifié pour des générations d’artistes toute l’aventure de la peinture occidentale, chacun ayant voulu voir en lui, un père, un maître, un guide!

Il ne faut pas oublier des peintres dont l’importance historique est indéniable quoique qu’ils n’aient pas connu de postérité aussi prestigieuse. Ces derniers ont reçu les apports des écoles avant-gardistes et ont même parfois précédé leurs collègues parsiens. C’est essentiellement dans le registre fauve que des peintres comme Chabaud, Seyssaud, Girieud, Verdilhan et Camoin ont travaillé. Aussi notre exposition au Musée d’art Mercian à Karuizawa, par la confrontation qu’elle établit entre quelques maîtres qui ont révolutionné le monde de la lumière pour en faire un monde de formes et de couleurs et ceux plus nombreux qui ont compris leur métier dans le cadre d’une tradition, est-elle à l’image de Cézanne: avancer dans la modernité à la mesure de son enracinement dans la tradition.

Jean-Paul Monery
Directeur
Musée de l’Annonciade, Saint-Tropez

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