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La francophonie au Japon

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Pascal Rambert, auteur/metteur en scène du Début de l’A.
Article mis en ligne le 1er août 2007
dernière modification le 23 mai 2023
Pascal Rambert : le temps d’écrire
 
Le temps est un élément qui compte dans la vie et les activités de Pascal Rambert qui est tout à la fois auteur, metteur en scène, réalisateur de films, directeur de théâtre. Il est revenu en juin à Tokyo pour la création japonaise de sa pièce Le Début de l’A.. A comme amour ou autobiographie ?
 

Franc-Parler : Tu as fait un séjour à la villa Kujoyama à Kyoto. Peux-tu parler de ce qui s’est passé ?
Pascal Rambert : En France, il y a cette possibilité d’envoyer les artistes notamment au Japon à Kyoto pour soit écrire, soit pour des dossiers scientifiques. Donc, j’ai eu la chance d’avoir ce prix en tant qu’écrivain. J’ai eu le prix en 2003 et je suis venu passer 4/5 mois ici à Kyoto pour écrire. Notamment un scénario de long-métrage qui se passe entre Paris, Los-Angeles et Tokyo et puis j’ai écrit évidemment d’autres pièces, puisque c’est un endroit pour pouvoir écrire et être au calme, faire son travail. C’est un peu comme la villa Médicis à Rome, mais à Kyoto.
 
Franc-Parler : C’est une exigence de mettre en scène toi-même tes pièces ?
Pascal Rambert : Malheureusement, c’est une façon de parler, j’ai toujours fait ça. J’ai commencé à écrire de la poésie en fait assez jeune, j’ai été publié et puis très vite, j’ai travaillé, j’ai fondé ma compagnie, j’avais 16 ans et depuis je n’ai pas arrêté, j’ai 44 ans. J’ai tout le temps écrit et mis en scène mes pièces à travers la France et le monde puisqu’on est là à Tokyo. Avec la compagnie, on tourne beaucoup à l’étranger notamment aux États-Unis et en Europe…
 
Franc-Parler : Pardon, je te coupe. La compagnie s’appelle Side one posthume théâtre, c’est tout un programme…
Pascal Rambert : C’était le titre quand j’étais effectivement presque en train de sortir de l’adolescence. Mais avec la compagnie, on a travaillé pendant une vingtaine d’années comme ça. Et depuis le mois de janvier 2007, j’ai été nommé à la tête d’un Centre dramatique national en France, à Gennevilliers à quelques minutes de Paris. Et qui est un gros théâtre avec beaucoup de moyens en termes humains, financiers et artistiques puisqu’il y a trois salles. On est en train de le transformer en un centre dramatique national de création contemporaine. On va faire essentiellement de la création contemporaine : danse contemporaine, théâtre contemporain, opéra contemporain, cinéma, philosophie, architecture et aussi un festival. La Comédie-Française va aussi venir chez nous. Donc, on passe pas mal de partenariats. On ouvre en octobre un centre qui va être, j’espère, le prochain lieu où il faut être et où passent tous les artistes importants, français et étrangers. Avec notamment un gros axe entre Los-Angeles et Tokyo puisque tous les prochains invités sur 2008-2009 sont des artistes japonais aussi bien en théâtre qu’en cinéma.
 
Franc-Parler : D’où vient ce choix ?
Pascal Rambert : C’est surtout les endroits où j’ai travaillé récemment le plus. Donc, les liens que j’ai créés avec les artistes dans ces endroits, j’avais envie d’en faire profiter la population de Gennevilliers. Parce que Gennevilliers, c’est une ville ex ouvrière, communiste, qui aujourd’hui est dans un brassage humain très fort et je trouve que c’est important que les gens soient en prise directe avec les meilleurs artistes français et internationaux et puissent avoir cet avantage comme d’autres qui sont plus dans un rapport bourgeois avec les artistes les meilleurs. Parce que ceux qui viennent sont aussi bien des gens comme Olivier Assayas ou Daniel Buren, qui sont des artistes connus internationalement et qui travaillent avec la population de Gennevilliers aussi.
 

Franc-Parler : Pourquoi cette décision de réunir dans un seul centre toutes ces disciplines ?
Pascal Rambert : C’est ce que je fais tous les jours. Je veux dire : je peux être le matin dans une salle de montage en train de monter un de mes films, l’après-midi en train de répéter avec mes acteurs et le soir être chez moi en train d’écrire. Le lendemain en train de tourner un de mes films, après de répéter avec des danseurs. Donc ma vie, c’est sans arrêt. Je suis comme on dit en japonais, comme vous le savez, « Karoshi ». Donc, je suis extrêmement organisé, très très pris. Mes journées sont quasiment réglées, heure par heure pour faire tout ce que j’ai à faire. Et maintenant, en plus il y a la direction du centre. C’est encore plus de travail. C’est choisir les artistes, aller voir les spectacles de plus en plus pour les faire venir, mais c’est à l’image de la vie que je mène. Le centre est à l’image de la vie que je mène : comme je vous le disais, c’est aussi bien le théâtre que la danse. J’ai réuni d’une certaine manière tous ces arts-là à travers d’autres artistes qui le font comme moi.
 
Franc-Parler : Le début de l’A. est une œuvre extrêmement autobiographique…
Pascal Rambert : J’écris beaucoup de textes qui sont très autobiographiques en fait parce que je pense que ma vie est à la fois aussi intéressante et aussi peu intéressante que celle de tout le monde. Donc, je pense que quand la vie est aussi peu intéressante, elle est aussi très intéressante parce qu’elle concerne effectivement tout le monde. Et le début d’une histoire d’amour forte concernait beaucoup de gens. Sans la monter, cela a été créé en France à la Comédie-Française et ça été aussi beaucoup fait dans le monde. On était venu le faire ici en 2005 avec Kate Moran qui est mon amie dont je raconte l’histoire. Souvent on le fait comme ça, on le fait tous les deux, on lit simplement le texte et là ça a été traduit et les gens de Seinendan l’ont vu. Maintenant, j’invite Oriza Hirata à venir en 2009 dans mon théâtre à Gennevilliers. Je produis la prochaine pièce qu’il monte. J’accueille aussi Tokyo Notes, dans la dernière version qu’on a vue ici. J’accueille Le Début de l’A., un soir en japonais, un soir version Comédie-Française. Le rapport avec le Japon est important parce que c’est agréable ici.
 
Août 2007
Propos recueillis : Éric Priou
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