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Nicolas Vanier, réalisateur du film Le dernier trappeur
Article mis en ligne le 1er septembre 2006
dernière modification le 23 mai 2023
Nicolas Vanier : vivre le Nord
 
L’aventurier français Nicolas Vanier a une passion : les pays du Grand Nord qu’il parcourt de long en large depuis plus de 20 ans, le plus souvent en traîneau à chiens (traversées de la Sibérie, du Grand Nord canadien sur 8600 km…). Dans son film Le dernier trappeur, il met en scène Norman Winther, un authentique trappeur canadien qui joue son propre rôle.
 
Franc-Parler : Vous êtes un amoureux du Grand Nord. D’où vient cette passion ?
Nicolas Vanier : Je ne sais pas trop à vrai dire. [Rires]. C’est une des rares questions auxquelles je n’ai pas de réponse parce qu’en fait, j’ai toujours eu cette passion en moi depuis que je suis tout petit. Mes parents me disaient que déjà quand j’avais 5 ou 6 ans, je regardais des cartes du monde en regardant en haut. Je ne sais pas du tout.
 
Franc-Parler : Partir, vivre là-bas, ce n’est pas donné à tout le monde…
Nicolas Vanier : Si, si, ce n’est pas plus compliqué qu’autre chose. Pas besoin d’être un surhomme pour ça. Tout le monde peut le faire.
 

Franc-Parler : Les chiens de traîneau, est-ce que c’est une espèce très répandue en France ?
Nicolas Vanier : C’est vrai, ça s’est pas mal développé ces derniers temps. Je crois qu’il y a plus de 2000 personnes qui conduisent des chiens de traîneau en France. Ça s’est développé comme beaucoup de pays grâce notamment à la course. C’est ce qui a permis à beaucoup d’espèces de chiens de traîneau de se développer, de survivre. En Alaska aussi, au Canada aussi parce que les gens ne les utilisent plus pour la trappe ou pour le travail ou pour acheminer la poste dans les villages. Mais ce sont les courses qui permettent à des gens de vivre avec leurs chiens parce qu’aujourd’hui, ce sont de grands événements sportifs, très bien dotés. Donc, il y a des courses telles l’Iditarod, la Yukon Quest qui sont des événements qui permettent à des mushers d’entretenir une meute et de gagner leur vie grâce à ça. Et en Europe, il n’y a pas un week-end de l’année où il n’y a pas une course de chiens de traîneau. Il y a d’ailleurs une très grande course maintenant qui se court dans les Alpes et donc, c’est quelque chose qui se développe. Parallèlement à cela, il y a une nouvelle race de chiens qui est apparue et qui s’est développée grâce aux courses. L’alaskan, un chien qui est en fait un chien de traîneau, le husky de Sibérie, croisé avec des lévriers.
 
Franc-Parler : L’écotourisme, quelle est votre opinion dessus ?
Nicolas Vanier : Moi je trouve que c’est très bien. De fait dans le Grand Nord, c’est vrai que c’est quelque chose qui est en train de se développer. Ne serait-ce que par rapport aux chiens de traîneau. Ils ont failli disparaître parce que les gens les utilisent de moins en moins pour travailler. Donc, aujourd’hui il y a de plus en plus d’Inuits, des Blancs qui proposent notamment des voyages en chiens de traîneau. C’est bien parce que ça permet d’abord que ces gens-là puissent vivre dans des endroits qui sont difficiles. En plus de cela pour le tourisme en lui-même, ça permet de découvrir certaines régions un petit peu autrement. Dans un cadre un petit peu autre, ça permet aux gens de découvrir, d’être plus réceptifs à ce qui les entoure. Donc, cette espèce de retour à une forme de tourisme « naturel », je trouve ça très très bien.
 

Franc-Parler : Est-ce qu’il n’y a aucun risque pour la faune sur place d’être dérangée par ces touristes ?
Nicolas Vanier : Oh non. La seule espèce en voie de disparition dans le Grand Nord, c’est l’homme. On ne va pas commencer à dire que les quelques rares êtres humains qui sillonnent ces terres, quelle que soit la façon dont on les sillonne…Non, ça ne dérange pas. Je pense au contraire que ça rend service au pays que de pouvoir y aller, que de pouvoir permettre à certaines petites populations de tenir encore le coup en certains endroits. C’est vrai que dans des cas très très précis, à certaines époques de l’année pour certaines espèces d’animaux, ça peut gêner mais en règle générale, les gens qui font voyager connaissent tout cela et justement le font connaître aux autres. Donc, je pense qu’il n’y a pas de risque particulier par rapport à ça.
 
Franc-Parler : Le dernier trappeur a été tourné dans des cadres naturels magnifiques. En route jusqu’à ces lieux, est-ce que l’emprise de l’homme est très forte ?
Nicolas Vanier : Dans le Yukon, il y a quelques problèmes liés à la déforestation parce qu’il y a une exploitation massive du bois qui est faite et qui d’ailleurs est un petit peu traitée dans le film. Mais d’une façon générale, c’est un pays qui est resté très sauvage, qui est très préservé. Donc, ça fait partie comme ça des petits îlots sauvages qui existent dans le monde.
 
Franc-Parler : Votre film est quand même un cri d’alerte sur les problèmes que pose l’homme à l’environnement…
Nicolas Vanier : Ça dépend dans quel sens on le prend. Disons d’abord que Norman se pose un petit peu en exemple dans la mesure où lui vit sur un territoire mais en ayant un grand respect pour le territoire sur lequel il vit. Lui délivre plutôt un message optimiste au travers de ce film et c’est pour ça que ce film a été choisi en France par le ministère de l’Éducation nationale pour parler des problèmes d’environnement. Parce que ça pose à l’inverse le problème de l’humanité qui réagit complètement différemment que Norman et qui utilise les ressources de la planète au-delà de ce que la planète peut donner, ce que Norman ne fait pas.
 
Franc-Parler : Que peut faire chacun pour préserver la planète ?
Nicolas Vanier : Chacun doit être un petit peu plus responsable de ses actes et essayer de comprendre et de se poser les bonnes questions à chaque fois qu’il fait quelque chose, à savoir quel est le coût écologique.
 
Franc-Parler : Qu’est ce qui a poussé Norman Winther à faire ce film ?
Nicolas Vanier : Je crois qu’il y a plusieurs choses. Il y a tout d’abord le fait qu’on a commencé à parler de ce film quand il y avait une amitié qui était naissante. Donc, on avait envie de faire un projet ensemble parce qu’on était de plus en plus copains. Faire un film, c’était une « occasion » de pouvoir prolonger cette amitié. Et puis je crois qu’il y avait aussi la volonté chez Norman de témoigner de quelque chose. On a appelé ce film Le dernier trappeur, c’est parce que cette race d’hommes auxquels il appartient est en train de disparaître parce que les jeunes ne veulent plus vivre ce métier difficile, où on ne gagne pas beaucoup d’argent. Et donc, je pense que dans quelques décennies, il n’y aura plus de trappeurs comme lui. Et puis il y avait aussi et surtout, une envie de la part de Norman comme de moi, de délivrer un message. Norman se rend bien compte malheureusement comme tous les gens qui habitent le Nord que les choses vont mal, que la nature est très touchée notamment par le réchauffement climatique, mais aussi par beaucoup d’autres choses. Donc, Norman avait envie aussi au travers de ce film de le dire et de participer à cette prise de conscience.
 
Septembre 2006
Propos recueillis : Éric Priou
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