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La chanteuse Zaz
Article mis en ligne le 29 janvier 2015
dernière modification le 25 mai 2023
Zaz chante comme elle veut.
 
Les chansons que Paris a inspirées et qui continuent d’être créées se prêtent à l’interprétation et la réappropriation quelles que soient les époques. La chanteuse Zaz apporte un renouveau, avec sa voix aux tonalités jazzy et sa personnalité directe. Le lancement de son troisième CD, Zaz Paris est l’occasion de l’interroger sur son parcours musical, ses motivations et ses choix musicaux.
 
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Franc-Parler : Vous avez pris des cours de chant, très tôt, vers 5 ans, je crois ?
Zaz : Non, J’ai été au conservatoire à mes 5 ans puisque que mes parents pensaient que c’était important pour nous d’avoir une éducation musicale, donc mon frère, ma sœur et moi. Donc, j’ai fait le conservatoire, petite, donc le solfège et tout ça…Donc je t’avoue que ça m’emmerdait royalement mais en même temps, ça m’a donné aussi une base. Ça je ne peux pas non plus le renier et j’ai fait du violon qui m’a, je pense, permis de me développer l’oreille très très fortement. Donc, je suis tout de suite complètement tombée amoureuse du violon vers mes 6 ans. J’avais vu à la télé le violon et j’avais dit : « Je veux faire ça. » Donc, j’ai fait ça de mes 7 ans jusqu’à mes 9 ans et après mes parents se sont séparés. Donc, j’ai arrêté le violon. Puis c’est vraiment à mes 21 ans où en fait, là je suis rentrée dans un…J’ai fait une demande de bourse. Je travaillais à la mission locale et l’un des éducateurs me disait : « Arrête, tu nous casses les oreilles à chanter tout le temps dans les couloirs. Est-ce que tu ne veux pas qu’on fasse une demande de bourse pour que tu puisses faire une formation. » Et à l’époque, j’ai eu 26000 euros pour faire une formation au CIAM à Bordeaux. Et là, je me suis retrouvée avec plein de musiciens. Il y avait des scènes ouvertes, il y avait des ateliers avec toute la musique afro-cubaine, des ensembles gospel, ensembles vocaux, du funk et donc, là j’ai développé toute la musique et j’ai expérimenté. Puis, fin de formation, on m’a téléphoné. On m’a demandé si je voulais passer une audition pour entrer dans un orchestre et j’ai passé l’audition et j’ai été prise. Je me suis retrouvée donc vers Bayonne dans un orchestre avec 17 personnes, avec des chanteuses, des danseuses où on reprenait tout le répertoire de la variété internationale, qui cartonnait dans les villages où on allait. J’ai commencé mon travail là.
 
Franc-Parler : C’est un grand chemin donc jusqu’à maintenant. Est-ce que vous pensez que vous êtes née sous une bonne étoile ?
Zaz : Je pense que j’ai provoqué beaucoup ma chance et je pense qu’il y a des opportunités qu’on a dans notre vie, et soit on les saisit, soit on les laisse passer. Je pense que j’ai jamais hésité à les saisir même si ça me faisait terriblement peur. Ça veut dire que à chaque fois que j’ai été confrontée à la peur, je me jetais dedans pour justement pas me retrouver bloquée.
 
© Yann Orhan

Franc-Parler : Vous contribuez fortement au redressement de la balance économique de la France…
Zaz : Je paie mes impôts, ouais.
 
Franc-Parler : En plus. Vous êtes l’artiste française la plus vendue à l’étranger si je ne me trompe.
Zaz : Non, en artiste français, il y a David Guetta. Après, en chanson française, c’est-à-dire avec les textes en français, je crois ouais.
 
Franc-Parler : Lorsque vous abordez une scène à l’étranger, devant un public étranger, est-ce que c’est pareil que lorsque vous êtes en France ?
Zaz : C’est pas pareil, c’est plus facile parce que c’est directement dans l’émotion et dans l’énergie. Donc ça, ça trompe pas alors qu’on peut interpréter les mots. Et puis je fais toujours une traduction de plein de choses que j’ai envie de raconter. Je l’écris phonétiquement en fait pour pouvoir parler aux gens. Donc, du coup, les gens rigolent parce que j’ai toujours un accent à couper au couteau.
 
Franc-Parler : Votre album actuel Zaz Paris tranche par rapport au premier puisque le premier (ZAZ), c’était entièrement pour vous, les chansons. Là, vous reprenez des titres connus.
Zaz : En fait c’est un album de reprises, de vieilles chansons françaises mais en même temps ça a été appréhendé comme un album de composition dans les arrangements. Et on a vraiment travaillé les arrangements comme de la composition. On a fait de la composition dans les arrangements et on a essayé vraiment de mettre notre patte dans ces chansons. Je ne voyais pas l’intérêt de reprendre des chansons pour les refaire à l’identique. Et là, on a vraiment mis notre patte, quoi. C’était pour dire merci à Paris, pour faire plaisir aux fans qui me demandaient souvent un album de reprises. Il y a beaucoup de fans qui me demandaient des vieilles chansons françaises, ils voulaient m’entendre chanter des vieilles chansons françaises. Et moi, j’avais terriblement envie de faire du jazz. Du coup, on a fait une pierre deux coups. On s’est fait plaisir, on a fait plaisir aux fans qui me demandaient. J’ai balancé Quincy Jones qui a tout de suite dit oui et c’est juste un gros bonbon pour nous, cet album. C’était un gros bonbon.
 
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Franc-Parler : Ça n’a pas dû être facile de choisir…
Zaz : Les chansons de Paris, il y en a plein. Après, moi j’ai choisi les textes, les textes qui me parlaient, que je trouvais qu’ils avaient une résonance, que c’était complètement d’actualité comme la chanson de Marie-Paule Belle, La Parisienne. Je trouve que c’est une vraie satire de la société où justement aujourd’hui on est dans une espèce de pensée unique où il faudrait tout rentrer dans les cases, une espèce de monoculture. Et puis même la pensée…Voilà, penser la même chose tout le temps. Encore plus avec ce qui se passe aujourd’hui. Je trouvais que c’était complètement d’actualité. Le Paris sous l’Occupation aussi, je pense que c’est complètement d’actualité même si je ne vais pas dire qu’on est dans un climat de guerre. Parce que on l’est un peu quand même mais voilà quoi qu’il arrive, on ne nous enlèvera pas notre liberté et qu’on se défend quoi, qu’on lâche rien, qu’on lève la tête, qu’on se retrouve et qu’on se regroupe et qu’on se fédère et c’est surtout ça le plus important.
 
Franc-Parler : Vous avez mis modestement votre chanson après celle de Marie-Paule Belle. Est-ce que le fait que vous veniez de Province un peu comme Marie-Paule Belle, montée à Paris, est-ce qu’il y a un rapport ?
Zaz : Moi, je suis montée à Paris. Mais après, moi c’était surtout pour exprimer… Dès que tu sors du moule, tu déranges. Donc, c’est vrai que si tu veux pas déranger, ben tu rentres dans le moule, sauf que moi j’ai aimé sa manière de dire. Elle se moque en fait, elle dit qu’elle vient dedans, elle rentre dans le moule mais en même temps elle se moque. Et puis, c’était une des premières dans l’homosexualité à exprimer son homosexualité. Enfin, tu vois, faut pas déranger mais en même temps, il faut déranger. Tu vois la liberté d’expression, le droit de dire haut et fort – j« e suis comme ça et même si ça vous dérange et ben je l’assume » et puis je ne vais pas rentrer dans le moule, quoi. Moi je suis quand même…Je chante : « Je veux de l’amour, de la joie, de la bonne humeur ». J’ai quand même déconné avec cette chanson, je me retrouve avec ma gueule sur TF1, je suis dans la société de consommation, mais en même temps je déplore cette société de consommation. Je suis avec l’association Colibris où justement tout le monde met une part dans cette association pour… C’est une proposition, une autre alternative à la société dans l’éducation, l’agriculture, l’écologie. Et en même temps, c’est comme un écolo qui doit prendre sa voiture tous les matins pour l’aider à faire son boulot. Je me retrouve dans cette même situation et on dirait qu’il y a des incohérences. Mais le monde est fait, comment dire, de contradictions en fait et en même temps pour pouvoir faire ce que j’ai besoin de faire, il ne faut pas que je m’exclue du système, parce que c’est aussi moi le système. Si je veux changer les choses, c’est de l’intérieur qu’il faut le faire. Donc, il y a une espèce de contradiction mais ça va, moi je suis dans mes baskets.
 
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Franc-Parler : Je vous remercie au nom de toutes les personnes puisque vous avez pensé à mettre les paroles des chansons ce qui est rare dans les CD français. Tout est là. Auriez-vous des conseils à donner ? Il y a beaucoup d’étrangers qui se mettent au français grâce aux chansons ou vice-versa. Avez-vous des conseils à donner pour interpréter les chansons de Paris d’autrefois ou les vôtres ?
Zaz : Déjà, je pense qu’il faut s’amuser. La base, c’est de s’amuser et prendre du plaisir à…Pas d’être dans une espèce de truc de psychorigidité où il faudrait bien faire les choses. Je pense qu’avant tout le chant, c’est prendre du plaisir avec son corps, avec sa voix. J’imagine pour les chanteurs, ça serait surtout de… le plus important c’est pas de bien chanter, pas d’être dans une exigence de bien chanter mais d’être dans l’interprétation, de dire quelque chose, de raconter quelque chose.
 
Janvier 2015
Propos recueillis : Éric Priou
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