フラン•パルレ Franc-Parler
La francophonie au Japon

Rédaction du journal :
Rédacteur en chef : Éric Priou
Rédaction : Karen, Mika Tanaka

La francophonie au Japon
Franc-Parlerフランス語圏情報ウェブマガジン フラン・パルレ
〒169−0075新宿区高田馬場1−31−8−428
1-31-8-428 Takadanobaba, Shinjuku-ku, 169-0075 Tokyo

Tel : 03-5272-3440
E-mail:contact@franc-parler.jp
http://franc-parler.jp

François Davin, réalisateur pour la télévision
Article mis en ligne le 1er novembre 2008
dernière modification le 23 mai 2023
François Davin : l’image, comme sur un plateau
 
François Davin est réalisateur pour la télévision française et les entreprises au moyen de sa société de production. Son pain quotidien consiste en jeux télévisés, clips, reportages en direct ou non, films d’entreprise. Autant de genres ayant pour point commun l’utilisation de la caméra.
 

Franc-Parler : Que faites-vous par exemple pour la télévision ?
François Davin : Je réalise en ce moment depuis trois ans une émission pour adolescents, qui est plutôt pour les 7 à 77 ans, qui s’appelle C’est pas sorcier, une émission scientifique qui existe depuis quinze ans. C’est une très belle émission où il y a deux animateurs. Un qui est dans un laboratoire roulant et qui explique tout le côté scientifique, et le côté pratique est fait par un animateur qui lui est à l’extérieur, en fonction des sujets, sur les lieux. C’est vraiment une émission qui marche très bien. On tourne les extérieurs en trois jours et après le plateau, en une journée. Après, il y a toute la postproduction, le montage, le mixage.
 
Franc-Parler : Vous avez quel travail d’écriture ?
François Davin : Pas vraiment d’écriture au sens contenu, mais oui pour le contenant. D’écriture par l’image. Là où il n’y a pas de travail à faire en amont pour que la réalisation s’adapte au sujet. Il y a des sujets qui méritent d’être traités beaucoup plus lentement, où il y aura des ralentis, des fondus d’un plan à l’autre, où l’ambiance va être plus légère. Et d’autres sujets qui vont être montés sur de la musique très punchie et avec des plans très courts. Tout ça, bien sûr, il faut le travailler.
 
Franc-Parler : Pour le film d’entreprise, vous travaillez pour des concurrents dans l’automobile, pour deux concurrents allemands…
François Davin : Ça nécessite, comment on pourrait dire… Il faut que je mette de côté en fait tout ce que je sais d’un constructeur et surtout que je ne vienne pas dire : « C’est bien votre truc, mais chez les autres-là, ils ont un autre système qui est quand même bien mieux. » Ça, il faut faire attention. Dans la façon aussi de réaliser, essayer de ne pas faire le même film pour BMW que pour Mercedes.
 
Franc-Parler : Vous, en tant que professionnel, est-ce que vous n’avez pas une certaine concurrence de la part de tous les gens qui lancent des choses sur internet ?
François Davin : Non, c’est complémentaire ou en tout cas totalement différent. Entre le travail professionnel et le travail, je ne dénigre pas le travail amateur, mais ce dont vous parlez en tout cas et ce que l’on trouve sur Youtube, la plupart du temps, ce sont vraiment des…plus des gags ou des choses anecdotiques. Il y en a, il y a des beaux travaux aussi. C’est un laboratoire aussi. Internet, ça permet de faire des tas de choses qu’on ne peut pas faire à la télé parce que ce n’est pas accepté pour des tas de raisons. Et puis, au niveau budget aussi, on peut se permettre de faire un film avec un petit caméscope et si on a un peu de talent, le film est réussi.
 
Franc-Parler : Comment voyez-vous votre avenir avec le satellite, le câble ?
François Davin : Le problème du satellite, c’est que ce sont des petites chaînes avec de tout petits budgets. Donc, du coup, ils emploient beaucoup de débutants, ils les forment, ça ne leur coûte pas cher. Donc, ce n’est pas vraiment là que je peux… Si, en tant que producteur parce que du coup comme j’arrive à raccourcir les budgets avec les nouvelles technologies qu’on a maintenant, on peut faire beaucoup de choses pour moins cher qu’avant. Mais en tant que réalisateur, vraiment, c’est plus difficile sur le câble et le satellite.
 

François Davin (hors micro) : Vous ne m’avez pas posé la question sur ce que fait un réalisateur.
Franc-Parler (micro) : Alors, pour nos lecteurs, quel est le travail d’un réalisateur ?
François Davin : Il y a plusieurs facettes du réalisateur. Il y a le ”réalisateur de fiction” qui part d’un scénario et l’assistant au réalisateur fait déjà un gros travail en amont, mais disons que le réalisateur découpe le scénario pour qu’on puisse tourner. Par exemple, toutes les séquences qui se passent dans la cuisine, on les tourne en même temps. Même si chronologiquement, il y en a une qui se passe au début du film et l’autre à la fin du film, on ne va pas tourner dans un décor, enlever toute la lumière, aller tourner ailleurs et revenir dans le même décor. Donc, on tourne tout, décor par décor en fait pour des questions de rapidité, de finances aussi. Donc, il y a tout un travail de découpage du scénario pour faciliter le tournage. Ça, c’est un travail qui se fait aussi avec la scripte.
Maintenant, quand je travaille pour du jeu, par exemple, là ce n’est pas la même chose parce que là, on travaille en multi-caméra. On est sur un plateau de télévision et on a plusieurs caméras. Le réalisateur est en régie, on a des tas d’écrans, de boutons devant nous et je commande en fait les caméras. Il y a des caméramans qui sont derrière leur caméra et je leur dis : « Tiens, Fabrice, zoome, fais moi un gros plan de l’animateur », je le commute et il passe à l’antenne. Après je passe sur un plan large, sur un plan moyen. C’est un peu comme de la musique parce qu’on écoute les paroles et on essaie de passer les caméras en fonction du rythme de la parole. C’est assez amusant.
 

Franc-Parler : Il faut donc bien écouter…
François Davin : Il faut bien écouter mais pas forcément ce qu’ils disent. Si aussi… Ça dépend, il y a des émissions qu’on fait depuis des années, on pourrait presque les réaliser les yeux fermés. J’ai une anecdote, j’ai réalisé une émission qui s’appelait Intervilles au Vietnam, tout en vietnamien. Évidemment, je ne comprenais pas un mot de ce que l’animateur racontait. Mais en fonction de la musique, en fonvction de son regard, je savais qu’il parlait de ça, qu’il allait aller là. Ce n’était qu’à l’oreille.
Et puis après, il y a des émissions qui sont enregistrées, donc on a droit à l’erreur. Si jamais on se trompe, on peut recommencer. Mais il y a des émissions comme Télématin qui sont en direct et là, il ne faut pas se tromper parce que là on ne peut pas dire : « On va la refaire », ça ce n’est pas possible. Donc, là on est relativement concentré. Et puis il y a des émissions comme C’est pas sorcier où sur tout ce qui est la partie scientifique, on a plusieurs caméras et sur ce qui est la partie extérieure, on a une seule caméra et on fait ça comme un reportage. Ça, c’est le travail du réalisateur et son travail principal quand même, c’est de livrer l’émission finie, sans aucun problème. J’ai la responsabilité de l’image, j’ai la responsabilité du son, du contenu. S’il y a un problème, c’est sur moi que ça tombe. C’est un travail passionnant parce qu’on est amené à faire des tas de choses différentes, on voyage pas mal, on traite des sujets différents chaque fois. C’est assez enrichissant.
 
Novembre 2008
Propos recueillis : Éric Priou
qrcode:http://www.franc-parler.jp/spip.php?article863